La Bretagne est-elle condamnée à un environnement dégradé ?

Publié le par Jean Luc Guerbois

Coup sur coup la Bretagne a accumulé les nouvelles préoccupantes en ce qui concerne le droit de ses habitants à une eau de qualité.

 

Voici une quinzaine de jours nous prenions connaissance de l’amendement scélérat de Marc Le Fur, député du lobby porcin, proposant d’alléger très fortement la réglementation applicable aux installations ou extensions d’élevages. Quand on connait les ravages de l’agriculture intensive en Bretagne, on ne peut que remarquer que le député costarmoricain tire contre la région qui l’a élu en proposant d’aggraver la situation.

 

Le 24 juin la Commission européenne annonçait sa décision de mettre fin à la procédure d’infraction contre la France dans le dossier de la pollution des captages bretons par les nitrates. Si l’on peut se réjouir qu’au bout de trente-cinq années d’infractions (la directive concernée date du 16 juin 1975) la France se soit mise aux normes européennes, on peut se demander si elle ne s’est pas contentée de casser le thermomètre sans résoudre le problème de fond de la pollution par les nitrates occasionnée par l’agriculture intensive : plusieurs usines de production d’eau potable ont tout simplement été fermées.

 

 

Le développement des marées vertes prouve que le problème est profond. Pour résorber cette pollution il faut promouvoir une profonde mutation de l’économie agricole bretonne, privilégiant une agriculture de qualité aussi bien environnementalement que socialement. L’Europe peut être un acteur essentiel dans cette perspective face à la passivité de l’État français et aux ambigüités du Conseil régional de Bretagne. Le 20 novembre dernier, la France a été mise en demeure par la Commission européenne de respecter la directive « nitrates » du 12 décembre 1991, notamment en ce qui concerne les apports excessifs de fertilisants sur les sols d’épandage. La société civile bretonne doit continu er à faire pression pour retrouver une région propre. Les habitants, à commencer par les paysans responsables, doivent passer avant les lobbys agro-alimentaires. Le fatalisme est le principal danger. L’espoir est dans la lutte et la vigilance.

 

Nicole Kiil-Nielsen

Publié dans Agriculture et eau

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