La contractualisation ne sauvera pas les paysans !

Publié le par Jean Luc Guerbois

Communiqué de presse - 26 oct 2010

C’est dans une précipitation incompréhensible que Bruno Le Maire s’apprête à signer les décrets sur la contractualisation pour les secteurs du lait et des fruits & légumes. Ces décrets ont été présentés hier au CSO. La contractualisation devra être effective au 1er mars 2011 en fruits et légumes et au 1er avril 2011 en lait.

En fruits & légumes, la part de la production vendue via les organisations de producteurs, donc concernée par la contractualisation, ne cesse de baisser. Il serait sans doute plus utile de s’interroger sur les raisons de cette baisse alors que le regroupement de l’offre est souvent présenté comme la planche de salut des producteurs. Plus qu’une contractualisation qui ne résoudra pas les problèmes des maraîchers et des arboriculteurs, des outils de maîtrise de la production d’envergure européenne, registre des producteurs, cadastre arboricole, sont nécessaires.

Rien dans ces décrets ne permettra d’assurer une organisation de marché capable de stabiliser les prix du lait, pourtant objectif affiché du dispositif. En effet, la mise en place d’engagements de livraison sur des périodes pouvant aller jusqu’à un mois (période à l’intérieure de laquelle les fluctuations de production peuvent être conséquentes) est incompatible avec l’activité des producteurs de lait. La logique probable de ces engagements est d’aboutir à un système de double prix. Ce système sera immanquablement défavorable au producteur, avec un prix fort pour la quantité contractualisée, un prix faible pour la quantité qui va au-delà du volume contractualisé et une pénalité en cas de livraisons inférieures.

Enfin, rien n’est prévu pour assurer le renouvellement des contrats au-delà de leur durée minimale, ni leur transmission. Leur cession va inévitablement devenir marchande, ce qui promet de nombreux dérapages que les pouvoirs publics ne souhaitent même pas contrôler : ils ne veulent pas intervenir dans la transmission ou la cession des contrats.

La somme des contrats ne fera pas une politique agricole, les paysans ont besoin de dispositifs publics de maîtrise de la production et de répartition des quantités. La contractualisation a pour objectif d’assurer à l’industrie laitière les moyens d’une compétitivité illusoire qui sera destructrice à terme pour l’économie et particulièrement pour l’emploi paysan.

Contact :

Philippe Collin, Porte-parole : 06 76 41 07 18
André Bouchut
, Secrétaire national : 06 73 39 58 99

Publié dans Agriculture et eau

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